Décor apocalyptique, rivière sinueuse, vieilles bâtisses, pierres ensevelies sous la jungle urbaine : la Vallée des Usines de Thiers, à 1h30 en voiture de Lyon, fascine touristes et passionnés d’urbex depuis des années.
À environ 120 km à l’ouest de Lyon, la charmante ville de Thiers bénéficie d’un héritage industriel important, conséquence de l’utilisation comme force motrice de sa rivière Durolle, et ce, dès le Moyen-Âge et jusqu’à la deuxième moitié du 20ème siècle. Aujourd’hui laissée presque entièrement à l’abandon (mais cependant protégée par le label des Monuments Historiques), la Vallée des Usines de Thiers fait l’objet de nouveaux projets culturels.
Moulins à farine ou à foulons, papetiers, couteliers, fondeurs, rémouleurs : au Moyen-Âge, la force hydraulique de la Durolle est utilisée à foison. On estime qu’au 15ème siècle, un quart de la population à Thiers exerçait le métier de coutelier ! C’est dire si la ville a gagné sa réputation de pièce maîtresse du couteau. À l’époque, les produits réalisés dans la Vallée des Usines sont exportés aux quatre coins de l’Europe, mais aussi en Inde.
L’arrivée de la révolution industrielle impacte l’activité thiernoise : ainsi, vers 1850, seule la coutellerie continue de peaufiner son savoir-faire en territoire de Thiers. Mais la concurrence étrangère et les nombreux déboires de la Durolle (des crues en pagaille et à l’inverse, des périodes sans aucun débit d’eau) menacent son statut et l’obligent à se moderniser et à s’électrifier dès le début du 20è siècle. En 1912, le bassin thiernois est le plus gros bassin de production français de couteaux et d’outils à lames : on y compte 12 000 ouvriers et 550 fabricants !
Chose amusante : malgré son essor, la main d’oeuvre y restera essentiellement familiale ; dans ces petites entreprises, ouvriers et patrons se tutoient dans une véritable bonhomie conviviale. On est bien loin du 21ème siècle…
Le progrès l’emporte : dans la seconde moitié du 20è siècle, l’électricité gagne du terrain et la Durolle n’est plus du tout utilisée comme force hydraulique. Les usines déménagent peu à peu de la Vallée pour s’installer dans les friches industrielles en bordure de ville. En 2021, une coutellerie annonce toutefois son souhait de revenir s’installer dans la Vallée des Usines (d’autres projets équivalents sont en cours).
Entre temps, l’Usine du May et celle du Creux de l’Enfer auront été reconverties en centres d’art, symbole de seconde vie pour la plupart de ces édifices classés monuments historiques : on y compte les forges Mondière, le pont de Seychalles, l’Église St-Jean-de-Thiers, l’Abbaye du Moutier ainsi que 17 ex-usines-coutelleries et 7 ex-papeteries.
Aujourd’hui, randonnées pédestres et pêche aux truites (oui oui !) sont pratiquées dans ces parties de la Durolle. La Vallée des Usines constitue toujours l’un des sites les plus visités de Thiers : il est notamment classé 2* par le Guide Vert Michelin !
Les jardins de l’ancien hôpital proposent une sympathique vue sur ce fascinant labyrinthe industriel. Les centres d’art Creux de l’Enfer et Usine du May accueillent du public toute l’année, tout comme l’Église Saint-Symphorien (11è siècle). Son abbaye est ouverte du 1er juillet au 31 août. En 2020, la Mairie de Thiers songera même à un son et lumière pour illuminer la Vallée. Affaire à suivre.
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