Préparez-vous à parler le javanais et à rajouter des syllabes un peu partout ! A Lyon, il existe un dialecte précis que seule une petite poignée d’élus maitrisent (bon, toute la ville…). Entre les expressions et les mots qu’on réinvente tous les jours, il y a de quoi perdre la tête en entendant un lyonnais parler ! Mais ici, on vous donne un guide de survie pour comprendre toutes les incongruités de la ville. Alors pelo, prépare-toi à chaber cet article !
1. Un « gone »
Vous avez peut-être déjà entendu parler de Lyon comme la capitale des gones. Eh bien, les gones, ce sont les enfants. Ce mot serait issu du terme gréco-romain « gonos », qui signifiait également « enfant, gamin ». Lyon ayant été une colonie gréco-romaine, cela reste l’expression la plus plausible pour expliquer l’utilisation de ce terme. Aujourd’hui, on l’utilise parfois pour désigner les habitants et habitantes de la ville.
2. Un « pelo »
A Lyon, pelo ne signifie pas cheveu comme en Espagne. Issu du romani, une langue proche du hindi principalement parlé par les communautés gitanes, le mot signifiait déjà « homme ». Aujourd’hui, il fait partie d’un parler populaire. Pelo est plus associé à « mec » ou « gars » comme dans la phrase : « Le pelo y m’a mal chabé ! »
3. Le verbe « chaber »
Chaber, ça veut tout simplement dire « regarder ». Pourquoi ? On n’en sait rien. C’est aussi ce qui fait le mystère de la langue. Mais si toutefois vous en avez une idée, n’hésitez pas à nous le communiquer !
4. L’adverbe « cher »
« Cher », c’est l’équivalent de « gavé », « trop », « tarpin », « grave », « fin » et « fort » des autres régions françaises. A Lyon, on dit « c’est cher bon » ou « il fait cher beau ». N’hésitez d’ailleurs pas à accentuer le « e » pendant de longues secondes. Plus on insiste, plus on est lyonnais ! (Oui, c’est Cher la chanteuse en photo).
5. Les fameux mots en « -av' »
On y arrive enfin, parlons du fameux toc lyonnais : mettre la syllabe « -av » à chaque mot. « Balnav' », « dicav' », « rodav' », « pillav' »… On vous explique tout ! C’est également les traces du romani. « Balnav' », c’est mentir ou « faire genre ». « Dicav' » veut dire « aimer », « rodav' » signifie « remarquer », et « piav' » c’est « boire » ou « picoler ».
Mais le lyonnais n’a pas de limite. Son amour de cette syllabe transcende la simple utilisation de mots déjà tout faits. Ici, on réinvente le langage continuellement, grâce au javanais. Mais qu’est-ce que c’est le javanais ? C’est un langage codé consistant à rajouter des syllabes au milieu de mots. Par exemple, pour parler du fameux centre commercial « Part-Dieu », certaines personnes diront « la pardav' ». Une place, comme la place Bellecour, deviendra la « plavace Bellecour ». Vous l’avez ?
En contexte ça pourrait donner : « Y fait trop balnav’ il y avait plus de gâche à la pardav’, mais j’ai rodav’ qu’il voulait pas prendre la vago parce qu’il a cher piav' ». De jolies expressions plutôt classes, somme toute.
Pour aller plus loin, on vous conseille d’écouter cette musique de Casus Belli, ainsi que ce discours de Kacem DeLaFontaine. Si vous ne savez pas encore qui sont ces deux emblématiques figures lyonnaises, on vous invite à les découvrir. (Ce sont effectivement des betterav’ en photo…)
6. Se la racler
Se la racler, ça veut simplement dire « se la raconter » ou « trop se la ramener ». Alors, vous la raclez pas trop sur cet article. En contexte, ça peut donner ça : « T’as vu comment le pelo il se la racle avec sa nouvelle montre ? ».
7. Une gâche
Loin de la fameuse brioche souvent agrémentée de rhum, à Lyon, une gache signifie une place : de parking, de spectacle, de concert. Vous pourrez souvent entendre ceci : « Eh, t’as pris ta gache pour ce soir ? ». Alors, quand vous viendrez passer quelques jours à Lyon, vous pourrez dire : « Eh arrête de te la racler avec ta vago ! Fais y pas banav’ que t’as pas pris ma gache pelo, t’es vraiment un trépané ! » Une jolie expression 100% made in Lyon !
8. Un trépané
A Lyon vous n’êtes pas un fou, vous êtes un trépané. Ce mot vient sûrement du terme qui désigne une opération chirurgicale où on transperce la boîte crânienne. Quelque chose de très gai, en somme.
9. Mettre des « y » partout et dire « c’est quelle heure »
Ici, il ne s’agit pas forcément de mots spécifiques ou d’expressions. Il est plutôt question d’une manière de parler propre aux gones (vous savez ce que c’est maintenant). Mettre des « y » à tout va, c’est une autre des spécialités lyonnaises. Il est régulier d’entendre des phrases comme : « J’y sais bien », « je vais y faire tout de suite ! » ou encore « je vais y mettre la gomme ». Mais à Lyon (en Rhône-Alpes plus largement), un autre phénomène se produit : on dit « c’est quelle heure ? » pour « il est quelle heure ? » ou encore « c’est comment ? » pour « comment tu vas ? ».
10. Les traboules
Cette fois-ci, c’est un lieu spécifique à Lyon qui fait son apparition, et il nous était impossible de ne pas le citer tant il fait partie du décor local. Les traboules, on vous en parlait déjà dans un autre article, ce sont ces 508 passages qui permettent aux lyonnais et lyonnaises de se rendre d’une rue à l’autre. On passe dans des dédales de couloirs presque secrets qui débouchent sur des majestueuses cours intérieures, pour mieux ressortir de l’autre côté ! Ces endroits sont même devenus un verbe : à Lyon, on traboule !
11. Un canut
Un canut, c’est le nom utilisé pour désigner les tisserands lyonnais de l’époque. Localisés dans le quartier de la Croix-Rousse et ses pentes, ils travaillaient la soie sur leurs métiers à tisser. Aujourd’hui encore, il n’est pas inhabituel d’appeler les habitants du quartier par cette dénomination. On vous conseille d’ailleurs le fabuleux titre de Cyrious – LY, qui rend largement hommage à notre belle capitale des Gaules.
Fun fact : Si vous entendez parler de la « cervelle de canut », il s’agit d’un plat lyonnais avec de la faisselle, des herbes, de l’oignon et de l’ail. Rien à voir donc avec un vrai cerveau, n’ayez crainte.