On ne va pas se mentir, on pense tout de suite à la gastronomie quand il s’agit de vanter les mérites de Lyon. Et là-dessus, personne ne pourra nous jeter la pierre. Mais si nous remontons un peu plus le fil de l’histoire, notre chère ville était durant plusieurs siècles sous le feu des projecteurs grâce à son précieux savoir-faire du tissage et de la soie. Car si Lyon devait être une matière, ce serait sans aucun doute celle-ci. Même si la soie ne fut pas créée de toutes pièces ici, son histoire y est intimement liée.
Lyon et la soie, ainsi soit-il !

L’usage de la soie remonte à la nuit des temps, puisque l’on considère qu’elle fut découverte et exploitée en Chine au XVIIe siècle avant Jésus-Christ…. Après de premières importations en Occident au VIe siècle, ce n’est qu’entre le XVe et le XVIe siècle, avec François Ier, que Lyon devient un important lieu de production. Sa proximité avec l’Italie et l’organisation des plus grandes foires de l’époque comme à Crémieux font de Lyon l’épicentre de la soie. En 1540, Lyon obtient le monopole de l’importation de la soie en France.
De fil en aiguille, le secteur se perfectionne. Des pièces uniques sortent des ateliers lyonnais (satins, draps d’or et d’argent, velours) pour les rois et reines de toute l’Europe. Du XVIIe au XVIIIe siècle, c’est l’époque de la « Grande Fabrique » qui, sous l’impulsion de Louis XIV et sa réputation de dépenser sans compter, donna à Lyon un dynamisme extraordinaire. Avec près de 30 000 personnes travaillant au sein du secteur, la filière s’est transformée en une véritable industrie. Mais la Révolution française de 1789, agrémentée par une série de conditions météo désastreuses, vient enrayer l’outil de production. Lyon suffoque et plusieurs émeutes éclatent.

Mais c’est sans compter sur la volonté de Napoléon Bonaparte de littéralement redorer le blason du savoir-faire français. La soierie est alors le pré carré de l’empereur, qui souhaite la propager dans toutes les plus grandes cours d’Europe. Le métier à tisser ne cesse de se perfectionner à cette époque (invention du métier à tisser Jacquard en 1801), des écoles apparaissent et de nouvelles techniques de teinture permettent de donner à Lyon « son siècle d’or ». En 1868, la soie représente plus des ¾ de l’industrie locale avec plus de 400 entreprises : du jamais-vu à Lyon. Sous le Second Empire, elle est la plus puissante industrie exportatrice de France, faisant de Lyon la capitale mondiale de la soie.
Que reste-t-il aujourd’hui ?

Le Musée des Tissus de Lyon (temporairement fermé pour rénovation) détient l’une des plus importantes collections de textiles au monde. La Maison des Canuts invite petits et grands à découvrir la grande histoire de la soierie à la Croix-Rousse. Plusieurs lieux continuent de faire perdurer l’activité, comme la Soierie Saint-Georges, l’Atelier de la Soierie ou la Soierie Vivante.
L’histoire de la soierie reste encore aujourd’hui intimement liée aux Lyonnais. La preuve ? La tradition du mâchon remonte à l’époque des Canuts, tradition qu’il est encore possible de revivre dans certains bouchons lyonnais. Au-delà de ce patrimoine qui perdure au fil du temps, c’est bien la fierté qui demeure. Celle de savoir que nos aïeux ont tissé et confectionné de leurs doigts les plus belles parures du monde entier.