Et on peut ajouter à la liste l’empereur Claude (10 av. J.-C. – 54), saint Irénée (120 – 200 apr. J.-C.) ou encore Louise Labé (1524 – 1566)… Il aura en effet vu défiler l’intégralité des illustres personnages de la Fresque des Lyonnais. Au même titre que l’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean, il est un symbole de Lyon, et plus particulièrement de la Croix-Rousse. Alors, vous avez une idée ? Un indice : c’est la pierre angulaire de la Capitale des Gaules !
Le (très long) cheminement du Gros Caillou

Il y a 140 000 ans, Lyon était un congélateur géant, car à cette époque, les hauteurs de la Croix-Rousse et de Fourvière étaient encore recouvertes de moraine (les débris rocheux transportés par les glaces), provenant des glaciers alpins. D’après ce que l’on sait, le bloc aurait parcouru plus de 200 km et viendrait de la vallée de la Tarentaise, célèbre aujourd’hui pour ses stations de ski parmi les meilleures du monde.
Malgré ses nombreuses années « sous terre », le Gros Caillou connaît le feu des projecteurs seulement en 1861. Lors du chantier de construction du funiculaire, les ouvriers tombent nez à nez avec une pierre d’une densité inconcevable. Cette roche de 24 tonnes (l’équivalent de trois éléphants d’Afrique, tout de même) doit être extraite, non sans difficulté, afin de pouvoir poursuivre les travaux. Exposée dès 1891 sur le boulevard de la Croix-Rousse, elle est mise en valeur en 2008 lors de la création de l’Espace Gros Caillou. 1861–2025 : 164 ans de célébrité, cela peut sembler long, mais à l’échelle granitique, le “Gros Caillou” en est à ses balbutiements !

Les Lyonnais et leur caillou
Mais comment fait-il pour durer si longtemps ? Donnez-nous sa cure de jouvence ! Il semblerait que c’est grâce à sa popularité que le roc puisse traverser les âges sans sérum anti-rides. En effet, le “Gros Caillou” est visité chaque année par des milliers de personnes. Les visiteurs y viennent aussi pour admirer la vue sur le massif des Alpes, là où, pour lui, tout semble avoir commencé il y a bien des années…
On voit venir les ronchons : « On n’en fait pas un peu trop pour un bout de rocher ? » En attendant, nos ancêtres posaient fièrement devant, comme pour manifester une certaine forme d’appartenenance. Cette pierre est à nous autres, Lyonnais ! Elle aura vu passer des millions (peut-on aller jusqu’au milliard ?) de paires d’yeux. Certains l’ont escaladée, d’autres effleurée, d’autres encore simplement contemplée, comme si l’on voulait que ce caillou s’exprime et nous dise quelque chose. D’ailleurs, pourquoi refuserions-nous à la pierre la faculté de signifier ?
